Il y a un an, le 21 septembre 2019, notre collègue Christine Renon mettait fin à ses jours dans les murs de son école maternelle de Pantin. En laissant une lettre qui pointait la dégradation progressive des conditions d’exercice de sa mission de directrice d’école. Que s’est-il passé depuis ?
Une grande émotion, des rassemblements, des mobilisations qui ont confirmé le malaise au sein de la profession, sur la direction d’école comme sur d’autres questions. Et puis des consultations, beaucoup de commentaires, des discours, des annonces et pour finir une vidéo de notre ministre fin juin, évoquant un certain nombre de pistes de réflexion, la mise en place de commissions ou de groupes de travail, mais avec pour seule décision concrète, deux jours de formation dans l’année. C’est-à-dire rien ou presque. Rien de nouveau sur les décharges de direction ou sur l’aide administrative…. Rien qui améliore durablement le quotidien de la direction d’école.
Bien au contraire, des inquiétudes apparaissent. Le statut, qui transformerait chaque directeur en petit chef et surtout en observateur zélé de l’administration au sein de chaque école - tenu qu’il serait par sa lettre de mission et sa propre évaluation - est loin d’être une demande majoritaire ; la prime covid aux directeurs encore moins, car tout le monde sait très bien que c’est l’ensemble de la profession qui doit être revalorisée. Quant aux jeunes en service civique, ils ne peuvent assurer le rôle des AADE.
Notre métier dans sa globalité, comme la fonction de directeur, méritent mieux que cela. Dans un contexte compliqué : salaires gelés depuis des années, baisse sensible du pouvoir d’achat, retraites menacées, image et conditions de travail qui se dégradent, multiplication des postes à profil ou à exigences particulières, mouvement de plus en plus opaque… être enseignant ne fait plus guère rêver. Alors directrice ou directeur ...
Dans le Gard, comme ailleurs, la direction d’école n’attire plus. Bien conscients des difficultés, et malgré l’indemnité, les collègues ne sont plus candidats. Comment leur en vouloir ?
Dans son école, mais aussi devant, autour, où ailleurs, la directrice ou le directeur est vigile, standardiste, facteur, médiateur, secouriste, enseignant aussi le plus souvent, secrétaire, infirmier, animateur, tuteur, recruteur, comptable, gestionnaire, référent pour tous, responsable de tout et à l’abri de rien… Sans parler des conséquences de la crise sanitaire que nous traversons depuis des mois... Une année s’est écoulée, et nous attendons toujours. Pour nos collègues, pour nos élèves, pour l’avenir de l’école de la république gratuite et ouverte à tous. Et pour Christine aussi...
Thierry OLIVIER
En sa mémoire, le SNUipp-FSU du Gard vous propose :
- d’afficher sur la porte de votre école l’affiche,
en pdf :
- de porter lundi 21 septembre : un brassard, un ruban, une tenue noirs.
Les représentant·e·s des personnels porteront du noir dans chacune des instances qui se tiendra prochainement pour rappeler à l’administration que le compte n’y est toujours pas.
Dans le département de Seine St Denis une marche est organisée samedi 26 septembre à 14 h vers l’école de Pantin.
Le SNUipp-FSU a construit des revendications et propose quinze mesures pouvant être mises en œuvre immédiatement, entre autres :
- Créer une aide pérenne à la direction et au fonctionnement de l’école par la création d’emplois statutaires à temps plein sur tout le territoire.
- Augmenter significativement le temps de décharge sans mission supplémentaire pour toutes les écoles et aucune direction en deça d’un ¼ de décharge.
- Développer une formation initiale et continue régulière de qualité sur le temps de travail pour apporter les connaissances et savoir-faire nécessaires.
- Reconnaître les collectifs de travail (conseils des maîtres, de cycles et d’école...) comme des lieux de réflexion et de décisions démocratiques dans les écoles.
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