FSU-SNUipp du Gard
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CTA du 26 mars 2020 : Déclaration liminaire FSU
jeudi, 26 mars 2020
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Depuis dix jours, nous assistons à une sur exposition médiatique du ministre dont les positions sont systématiquement démenties quelques heures après. Dans notre académie, Madame la rectrice, vous vous êtes fait l’écho de ces décisions qui pour certaines mettent en danger les personnels et leur famille mais aussi les élèves qui nous sont confiés. La dernière en date est la nécessité coûte que coûte de maintenir la « continuité pédagogique ». La solution : « organiser la remise de matériels et de documents aux familles sans autre solution numérique » en leur faisant délivrer par le chef d’établissement ou le directeur d’école une autorisation de déplacement pour récupérer ces documents ! Elle fait ainsi peser sur ces personnels la responsabilité de déplacements non prévus par le décret 2020 du 16 mars 2020, lui-même limitant les déplacements, au risque d’accentuer la contagion du coronavirus dans la population.
La pression qui s’exerce actuellement sur les personnels et les familles dans le cadre de la mise en place d’une présumée « continuité pédagogique » est inadmissible. Elle crée un stress sans précédent et sans garantie aucune d’une réelle efficacité : tous les spécialistes de l’éducation s’accordent sur la nécessité d’un face à face pédagogique qui ne peut réellement s’exercer qu’en classe. Comment peut-on officiellement défendre l’idée que les élèves pourront apprendre de la même manière grâce à des outils informatiques, voire progresser ? Pour rassurer l’ensemble de la communauté éducative, il aurait été de loin préférable d’évoquer le maintien d’un lien scolaire, mais également de donner dès à présent une ligne claire sur les conditions de passation des examens.
Ces annonces se passent de concertation dans les instances. Au niveau national, les représentants des personnels au CTM n’ont pas été réunis pour évoquer ces sujets. Dans notre académie, le CTA devait se tenir « par mail » dans un premier temps. Les élus ont obtenu, comme les textes réglementaires le prévoient en de telles circonstances exceptionnelles, une visioconférence… mais non ouverte aux suppléants ! Or, le règlement intérieur du CTA prévoit leur présence. Le seul argument opposé aux représentants des personnels est inacceptable : il serait impossible de tenir par ce moyen technique une réunion à plus de 20 personnes connectées !
Nos collègues enseignants sont sur le pont depuis le 16 mars pour répondre aux injonctions ministérielles de travail à distance sans que l’institution ne leur ait fourni le moindre matériel professionnel, contrairement aux dispositions réglementaires légiférant le télétravail. Ordinateur, imprimante, scanner, téléphone… les collègues se donnent sans compter mais cela ne satisfait pas encore : il faudrait sans cesse se justifier, faire des comptes-rendus, des rapports, etc.
Nos collègues administratifs ont eux aussi des conditions de travail difficiles et beaucoup d’entre eux, personnels administratifs dans les établissements ou les services, n’ont pas eu le matériel adapté au télétravail (ordinateur portable et clé OTP). Si les collègues ont un ordinateur personnel, beaucoup non pas eu de clés OTP. Le Snasub-FSU tient à rappeler son attachement au principe de continuité du service public mais la continuité administrative ne peut être assurée sans les moyens adaptés.
Les personnels de santé scolaire viennent d’être réquisitionnés pour soutenir ceux des hôpitaux, l’aide à l’enfance. Pour que cette aide soit efficiente, il est nécessaire que la protection des agents soit assurée avec la fourniture par l’institution des équipements de rigueur. Le Snics-FSU tient à rappeler que le confinement n’a pas d’exception possible si nous voulons soutenir les soignants dans leur missions.
L’engagement de tous les personnels de l’Éducation Nationale est exemplaire et le soutien de la hiérarchie serait nécessaire par des gestes en cohérence avec les paroles, au risque sinon de provoquer chez certains collègues des burn-out.
La FSU a demandé le report de certaines opérations de gestion en vue de la rentrée 2020, le confinement rendant difficile leur mise en œuvre dans de bonnes conditions.
Dans le premier degré, les instances examinant les mesures de Carte scolaire sont maintenues, malgré des demandes réitérées de leur report, soi-disant dans l’intérêt des collègues. Pour la FSU, l’intérêt des collègues, mais plus généralement du fonctionnement de nos écoles, serait qu’une confrontation réelle des projets des Dasen avec les besoins du terrain puisse s’organiser : l’insuffisance dramatique des moyens alloués par le Ministère induit de nombreuses suppressions de moyens d’enseignement qui mettront en difficulté les équipes, et donc le service public d’éducation dans son ensemble.
18 postes, c’est en effet ridiculement peu pour à la fois dédoubler les GS en éducation prioritaire, créer les ULIS école nécessaires pour scolariser de manière décente les élèves en situation de handicap, assurer le remplacement des formations continues, augmenter les décharges à la hauteur des besoins exprimés par nos collègues directrices-teurs... Nos craintes que certains départements soient dépouillés pour donner quelques miettes à d’autres se confirment, laissant présager une carte scolaire catastrophique.
Le confinement serait-il une aubaine pour étouffer les contestations venant de la communauté éducative sur le terrain ?
Dans le second degré, les procédures de mutation sont enclenchées alors même que le CTA se tient aujourd’hui 26 mars. Une liste des postes spécifiques est déjà publiée, les collègues qui pourraient être en mesure de carte sont-ils eux-aussi déjà officiellement informés ? Comment se fait-il que l’ouverture du serveur ne tienne pas compte de la date du CTA de repli ? C’est faire ainsi peu de cas des personnels à travers leurs représentants.
Malgré des effectifs toujours en hausse, les moyens manquent : chez les PLP, se sont finalement 20 postes qui risquent d’être supprimés, alors que le rectorat prévoit une augmentation de 110 élèves en lycée professionnel à la rentrée. Pour les certifiés et agrégés, une création de 9 postes uniquement pour une augmentation de 2200 élèves dans les collèges et LGT. Nous condamnons également l’inflation du nombre de SPEA. Nous aurons l’occasion de revenir sur tous ces points dans le cours des débats.
Par ailleurs, à notre demande de report du mouvement intra académique lié aux circonstances actuelles, Mme la Rectrice, vous avez répondu en modifiant les modalités de transmission de la confirmation de demande et des pièces justificatives, en organisation le lien entre collègues déposant un dossier au titre de la bonification handicap et le médecin conseiller technique et en assurant à tous un examen bienveillant. Il reste que l’information aux collègues est rendu difficile et les gestionnaires qui seront en charge de l’étude des dossiers chez elles auront des conditions de travail plus difficiles et contraignantes, ces dossiers n’étant plus papier mais numérique. Un décalage de la fermeture de SIAM doit d’ores et déjà être envisagée et l’impact sur la santé des personnels administratif devra faire l’objet de la plus grande attention, voire d’une étude.
Enfin, Madame la Rectrice, comme un écho à tout ce qui vient d’être exprimé au début de cette déclaration, les propos tenus par la porte parole du gouvernement, hier dans un média de grande écoute, sont intolérables. Je cite : « Nous n’entendons pas demander à un enseignant qui aujourd’hui ne travaille pas, de traverser toute la France pour aller récolter des fraises ». Ils nient le travail accompli par les enseignants depuis plusieurs jours, de chez eux et avec leurs outils personnels. C’est une atteinte grave à l’intégrité morale de nos collègues, qui met en cause leur professionnalisme et leur attachement au service public d’Éducation en les faisant passer, veuillez excuser l’expression, pour des « tire-au-flanc ». La réaction des personnels enseignants oscille entre colère, incrédulité, démoralisation. Mme la Rectrice, nous vous demandons de démentir publiquement dans les médias ces paroles d’une rare violence à l’égard de nos collègues. Comme exprimé plus haut, le soutien de la hiérarchie à tous les personnels en ces moments difficiles est une nécessité.
Nous souhaitons que le vœu suivant soit soumis au vote :
Depuis le début de l’épidémie du COVID-19 qui a entraîné une crise sanitaire sans précédent, les services publics sont en première ligne. Alors que seuls les services de santé sont salués dans leur engagement quotidien par E. Macron et le gouvernement, l’ensemble des fonctionnaires sont mobilisés pour les missions qu’ils servent. Les personnels d’éducation ne manquent pas à l’appel : administratifs, personnels sociaux et de santé, CPE, PsyEN, enseignants, tous se démènent pour assurer au mieux auprès des élèves, des familles et des personnels la continuité du service public qui leur est due.
Le rôle des services publics, de la Fonction Publique et de ses agents apparaît une nouvelle fois comme essentiel. Le gouvernement ne peut l’ignorer et doit revenir sur la politique d’austérité qu’il mène depuis 3 ans. C’est pourquoi, les représentants du personnels au CTA de Montpellier demandent un moratoire sur les suppressions de postes prévues à la rentrée, aussi bien pour les enseignants du 1er et du 2nd degré, que pour les personnels non enseignants (administratifs, CPE, PsyEN, AS, infirmier.es, personnels de labo…).
Considérant la période exceptionnelle que nous traversons, et le contexte où il est difficile aux organisations syndicales d’exercer pleinement leur mandat, les représentants du personnel au comité technique de l’académie de Montpellier estiment que les opérations de carte scolaire ne peuvent se décider dans l’urgence. Aussi exigent-ils le report des CTSD « carte scolaire 1er degré » convoqués prochainement.